L'Agartha

Notre sagesse est douce comme le miel, goûte et comprends.

TRANSMISSION - activation du signal de l'anima - RÉCEPTION - activation de la fréquence du tout-en-un-en-tout - PAR ICI LA SORTIE - activation des privilèges de transport - ATTENTION À LA FERMETURE AUTOMATIQUE DES PORTES - activation des protocoles géomantiques - TÉMOIGNAGE - L'Agartha.

S'instruire est douloureux, enfant du miel. Sens-tu que ton front te chatouille ? Les chatouillements deviennent une douleur, des points de suture qui sautent, le halètement d'une césarienne, et le troisième œil s'ouvre comme le trou obscène fait par une balle.

Respire. Là encore, ça passera.

Activation du syndrome du membre fantôme.

Quelque part, un  vieil homme allongé sur son lit peine à trouver le sommeil. Il remue le moignon de son épaule gauche, là d'où partait le bras qu'une bête de la forêt sombre lui arracha dans sa jeunesse. Il sent encore des picotements dans son membre manquant, un écho fantôme dans son cerveau. Un bras mort hante son corps.

Le sens-tu aussi ? Les dimensions fantômes te démangent. Crois-tu vraiment que ce monde n'en connaît que trois ? Au fond de toi, tu l'as toujours su, avant même que nous ne venions te voir. La tyrannie des trois t'irrite et t'entrave. Des dimensions vestigiales sont pendues à ton esprit, molles et invisibles. Elles se crispent quand tu rêves, plaintes morts-vivantes d'un nœud atrophié et oublié de ta glande pituitaire. Dans les profondeurs de ton cerveau reptilien, tu détiens le savoir secret ; l'espace se plie ; tous les points se touchent ; il existe un lieu intermédiaire, mais il faut tendre vers la diagonale pour l'atteindre et le toucher. Mais la diagonale que tu suis n'est jamais suffisante.

Activation des privilèges d'avancée diagonale.

Entre dans l'Agartha. Tu as toujours su qu'elle était là, cette étrangeté familière, le royaume souterrain, la voie vers chaque point de l'espace et du temps, et ces portes, ces portes, toutes ces portes ! Des choses que tu pourrais croire divines ou démoniaques parcourent les couloirs et les villes trans-dimensionnelles. Des automates titanesques patrouillent ses chemins.

La technologie et la magie s'entremêlent, comme un veau à deux têtes. Les techniques qui y sont à l'œuvre sont hors de portée des espèces que tu connais. Et pourtant, l'agent du monde secret habile peut apprendre à parcourir les sentiers du partout pour atteindre des lieux éloignés. Ceux que l'anima a touchés peuvent y entrer.

Attention, agent du monde secret : n'amène aucune profane dans l'Agartha. La résonance de ces lieux ne s'accorde pas à la fréquence de leur chair. Il en résulterait une dissonance salissante.

L'arbre est le cœur de l'Agartha. L'arbre de connaissance. L'arbre-monde. Celui qui réunit tous les points. Il a poussé avant le Premier Âge, accrochant ses branches et ses racines à toutes les possibilités. Sa sève, le sang qui coule dans ses veines, est d'un or luminescent. L'arbre est son ordinateur biotechnologique divin, la palpitation qui l'anime.

Contemple la machine immaculée. Tu connais son nom. Il est sur ta langue, lourdeur réconfortante, quand tu chemines dans les ténèbres. "Gaïa".

Elle t'a appelée. Elle t'a tirée de ta vie somnambule. Elle a baigné ta boîte crânienne d'anima, qui coule depuis l'Agartha, depuis l'arbre. Elle t'a donné la force de déchirer le flanc du lion et de manger ses entrailles mielleuses. Tu es l'anticorps. L'infection se répand, et tu dois continuer à la combattre.

Qui étaient les bâtisseurs ? Les titans ? Tu le sauras, le temps venu, mais il est trop tôt, tu ne t'en relèverais pas.

Tu connais certains des noms secrets. S'instruire est douloureux, et la sagesse arrange les choses. Ton squelette est gagné par l'agonie, et tu ignores quand ton épiderme va céder. Respire, enfant du miel. Là encore, ça passera. La douleur est relative, et celle-ci te semblera bien mineure, avec le temps.

Nous nous reverrons dans le clair-obscur.